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J’enseigne le FLS au niveau secondaire et je voulais savoir à quel niveau je devais enseigner le texte explicatif. Or, après avoir regardé à la loupe le Programme de formation de l’école québécoise (PFÉQ) et la Progression des apprentissages (PdA), je n’avais toujours pas ma réponse. Je ne comprends pas. J’ai pourtant appris à écrire ce type de texte au secondaire et je le trouve toujours dans différents cahiers d’exercices et sur des sites Internet pertinents. Comment se fait-il qu’il ne soit ni dans le PFÉQ ni la PdA ? Serait-ce un oubli du ministère ? J’ai donc décidé de faire des recherches sur Internet, dans des grammaires, des ouvrages de référence et j’ai également questionné des collègues. J’ai recueilli différentes réponses, plus ou moins complètes ou satisfaisantes et parfois même contradictoires. Quel imbroglio ! Cependant, je crois bien avoir réussi à comprendre, à démêler le nœud de l’affaire.

Il faut tout d’abord comprendre l’origine de ma confusion. Je suis un véritable produit des programmes du MEQ de 1980 et de 1995. (Hé oui, je vous révèle ici mon âge !) Dans ces programmes, on étudiait, d’une part, le discours (narratif, expressif, incitatif, argumentatif, etc.) selon sa fonction (l’intention de communication) et son mode (structure du contenu) et, d’autre part, les textes qui étaient répartis selon le type de textes (texte expressif, texte informatif, texte explicatif, etc.). Les notions de types de textes, de genres de textes, de discours, de mode sont ambigües. Je vous épargne ici le détail des « dérives didactiques importantes du programme » (Chartrand, 2008, page 11) de 1995. Tout ce jargon n’est pas évident pour moi. Imaginez un instant nos élèves ! Essayons de démêler tout ce bourbier.

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Lisez-vous un roman ou un texte narratif ? Lisez-vous un éditorial ou un texte argumentatif ? Lisez-vous des règles de jeu ou un texte descriptif ? Lisez-vous un article scientifique ou un texte explicatif ? La clé de ma problématique réside dans vos réponses. Nous lisons des genres de textes et non pas des types de textes. C’est, en fait, une des raisons pour laquelle nous ne retrouvons pas le texte explicatif dans le PFÉQ ou la PdA, mais plutôt des exemples de textes oraux, écrits, visuels ou mixtes comme l’affiche, l’article, la recette, le mode d’emploi qui sont des genres et non des types de textes.

De plus, vous ne lisez pas de « textes purs ». Prenons l’exemple d’un roman (genre). La séquence textuelle dominante est narrative (situation initiale, élément déclencheur, dénouement, situation finale). Si l’auteur fait parler les personnages, vous avez une séquence dialogale. De plus, lorsque l’auteur dépeint un personnage, vous avez une séquence descriptive. Il peut donc avoir plusieurs séquences textuelles dans un même genre.

Bref, le concept de genre doit être au cœur de notre enseignement tout comme le PFÉQ et la PdA le prescrivent. Afin de reconnaitre les caractéristiques de différentes séquences textuelles dans les textes entendus, lus ou vus et de produire des textes qui respectent les caractéristiques de ces séquences, les élèves doivent donc acquérir des connaissances sur, en autres, les genres de textes et les séquences textuelles dominantes tout en tenant compte des éléments de la situation de communication et des intentions de communication. Donc, le genre est « l’outil par excellence du travail en classe, associant chaque mode de discours (séquence textuelle) comme l’argumentation, la description, l’explication, la justification et la narration à des genres dans lesquels il s’actualise. » (Chartrand, 2015, p. 2)

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Tout bien considéré, l’utilisation des genres permet aux élèves de partir de leurs expériences scolaires et personnelles. Avec l’aide de l’enseignant, vous, ils dégagent ensuite les principales caractéristiques d’un même genre pour les réinvestir dans de futures réalisations langagières.

Donc, je ne travaille plus exclusivement le texte (de type) argumentatif ou le texte (de type) descriptif dans ma salle de classe. Par exemple, j’utilise des éditoriaux ou des contes pour développer les compétences en lecture et en écriture dans lesquels je retrouve des séquences argumentatives, descriptives, dialogales, narratives ou explicatives.

Types de textes, genres de textes, séquences textuelles, discours, mode… Je crois avoir retrouvé mon latin !

Visitez la section How-To qui aborde la démarche de production et qui présente différents genres de textes. Pour chacun des genres, des étapes simples et précises sont décrites pour aider les élèves à devenir autonomes et pour procurer un échafaudage supplémentaire pour ceux qui en ont besoin à l’aide d’éléments médiatiques, des exemples de texte, des outils de planification, des gabarits et des grilles de révision.


Chartrand, Suzanne-G., Émery-Bruneau, J. et Sénéchal, K. avec la coll. de Pascal Riverin (2015). Caractéristiques de 50 genres pour développer les compétences langagières en français. Québec : Didactica, c. é. f. ; en ligne : www.enseignementdufrancais.fse.ulaval.ca

CHARTRAND, S.-G. [avec la collaboration de Hélène Paradis, Marie-Christine Paret et de Suzanne Richard], Progression dans l’enseignement du français langue première au secondaire québécois : répartition des genres textuels, des notions, des stratégies et des procédures à enseigner de la 1re à la 5e secondaire, Québec : Publications Québec Français, 2008, 55 p.


‪La typologie des textes et les séquences textuelles de Martine Delsemme, conseillère pédagogique à LBPSB :


Une référence pour approfondir le sujet :

Blain, Raymond, Discours, genres, types de textes, textes… De quoi me parlez-vous ?, Québec français, n° 98, 1995, p. 22-25. http://id.erudit.org/iderudit/44277ac