L’avènement des TBI (tableaux blancs interactifs) et l’apparition des tablettes électroniques dans le monde de l’éducation a mis en relief une notion à laquelle nous faisons de plus en plus référence: l’interactivité. En effet, lorsqu’on nous demande les avantages inhérents à l’utilisation des TBI ou des tablettes électroniques, nous avons tendance à rapidement mentionner, et cela presque machinalement, que ceux-ci sont “interactifs”.

Interaction ou interactivité?

Qu’entendent les pédagogues par “c’est interactif”? Ce qu’ils décrivent est-il réellement de l’interactivité? Qu’est-ce que l’interactivité? Y a-t-il de réels avantages au développement de l’apprentissage dans un contexte interactif?

“Cet outil est interactif…”

Il suffit de d’écouter un enseignant parler pour comprendre ce qu’il veut dire par “interactif”. Souvent, il parlera du fait qu’un élève se lève, se rende au tableau blanc et y opère une opération simple (ex. appuyer sur un endroit spécifique du TBI dans le cadre d’un choix de réponse). L’interactivité, dans ce cas, se limite donc au fait que l’élève ait manipulé le tableau et donc à une simple opération ou parfois à une suite d’opérations qui souvent, ne sont guère différentes de celles auxquelles ce dernier peut se livrer dans un bon vieux cahier d’exercice. Mais est-ce là la description d’une interactivité avec l’outil privilégié ou plutôt celle d’une simple interaction?

Interaction et interactivité

Plusieurs définitions se prêtent au mot “interaction”. Cependant, le sens général qui lui est attribué porte sur une réaction réciproque entre deux phénomènes ou deux personnes.

L’interactivité, quant à elle, est plutôt utilisée pour désigner un échange entre un humain et une technologie. Dans le cadre de l’éducation, elle comporte également un processus qui présente des comportements favorisant le développement de l’apprentissage et cela, dans le cadre d’un échange continu. Dans le tableau ci-bas figurent des exemples qui illustrent des différences notables entre des actions que je considère comme étant des interactions et des activités favorisant ce que je considère être de l’interactivité.

Gestes vs. activités

Ces deux catégories font ressortir des différences dignes de mention.

Différences notables dans ce qu’impliquent l’interaction et l’interactivité

Dans le contexte de l’interactivité, plus complexe que celui que requiert l’interaction, l’apprenant est, entre autres, amené à modifier son comportement selon les besoins de la situation.

Pourquoi et comment favoriser l’interactivité?

Lorsqu’on parle d’intégration de la technologie en éducation, je crois que l’interactivité est incontournable. En tant que pédagogues, nous devons cependant faire une différence entre une interaction et une interactivité. Si nous voulons que celle-ci porte fruit, elle doit nécessairement avoir une incidence sur le choix d’activités organisées par l’enseignant. Contrairement à un apprenant qui manipule un TBI ou une tablette électronique dans le simple but de réaliser des exercices, l’élève placé en situation de création de contenu ou de résolution de problèmes aura plus de chance de vivre une interactivité riche de sens qui lui permettra d’être l’un des acteurs principaux dans le développement de son apprentissage.

Ceci étant dit, je ne pense pas que les exercices dits traditionnels constituent en soi une mauvaise chose. Je pense simplement que dans ce cas, outre le facteur “wow, c’est cool”, il n’est pas très pertinent d’utiliser un TBI ou une tablette électronique (je fais ici abstraction de besoins particuliers qui parfois nécessitent une différenciation tout à fait justifiée et souhaitable).

Enfin, je pense que profiter de l’interactivité que permettent les nouvelles technologies constitue un pas sûr dans la réalisation de leur potentiel. Nous nous devons cependant de constamment réfléchir à l’importance et à la valeur réelle de ce phénomène, tant pour notre bénéfice que pour celui de nos apprenants.

 

Kish Gué
Conseiller pédagogique
EMSB