Cette année, j’ai décidé d’intégrer les iPad dans mon cours de FLS. Dans cet article, je veux vous faire part de ma démarche, de mes questionnements, de ma planification de leçons, du travail des élèves et de leurs commentaires.
Ma réflexion.
Avant de me lancer dans cette expérimentation, j’avais plusieurs questions, interrogations. Les questions en rafale :
- Pourquoi utiliser un iPad en classe ?
- Quelle est la valeur ajoutée ? Quels sont les avantages ?
- Qu’est-ce que les élèves vont apprendre ?
- Quels sont les apprentissages visés ?
- Quelles sont les connaissances antérieures de mes élèves quant au contenu enseigné et aux connaissances technologiques ?
- Quelles sont les compétences visées ?
- Quel est le lien avec le programme de FLS ?
- Comment vais-je évaluer mes élèves ?
- Quel est mon but ?
- Quelles applications vont le mieux répondre à mon intention pédagogique ?
- Comment intégrer le iPad en m’assurant qu’il contribue à l’apprentissage ?
Des pistes de réponse…
Afin de m’aider dans ma réflexion, je me suis inspirée du site de Judith Cantin et Nathalie Frigon ainsi que de l’article Apprendre : iPad et Taxonomie de Bloom publié le 19 novembre 2012 par Pierre Couillard dont voici quelques extraits pertinents :
« Avec l’avènement des technologies, on se fait souvent demander si l’ordinateur, le tableau blanc interactif, le dictionnaire en ligne ou toute autre nouveauté va améliorer l’apprentissage et augmenter les résultats scolaires. La réponse est et sera toujours : Ça dépend de ce qu’on en fait. »
« La taxonomie révisée de Bloom nous suggère une gradation des processus cognitifs. Selon cette taxonomie, plus un élève maitrise un concept, une notion, mieux il pourra l’appliquer, puis s’en servir pour analyser une situation, évaluer un problème, choisir une solution et être créatif (ve). Cette taxonomie peut nous guider. Pour analyser une situation, j’ai besoin de maitriser les faits… c’est peut-être avec ce type de situation que je permettrai à certains élèves de solidifier leur connaissance d’un concept. » (CC BY-NC-SA 2.5 CA)
Voir cette vidéo pour une explication de Judith Cantin.
Voici un aperçu graphique interactif de la taxonomie de Bloom.
Voici un tableau d’actions possibles avec une tablette et une liste d’applications iPad classées selon Bloom. (CC BY-NC-SA)
Ces informations m’ont permis de mieux comprendre pourquoi et comment je devais utiliser le iPad pour mon cours de FLS. Intégrer le iPad en classe est une mission possible, avec des efforts certains, tant et aussi longtemps que notre intention pédagogie dirige nos choix d’activités ainsi que les applications.
Mon contexte de classe.
J’ai décidé d’utiliser les iPad dans mon groupe « at risk ». Niveau : 4e secondaire, programme de FLS base. Ils ont 6 cours sur un cycle de 9 jours, donc 2 de plus que les élèves réguliers. Ce groupe de 18 est un joyeux mélange de différents élèves. Il y a 4 élèves qui sont codés avec des troubles de comportement et de personnalité. De plus, 2 d’entre eux proviennent d’autres pays (Grèce et Kenya). La compréhension du français est différente d’un élève à l’autre. Quant à l’intérêt pour le français, il se situe entre très peu ou aucun.
Défis logistiques.
Afin d’intégrer les iPad, j’ai dû relever plusieurs défis. Et encore une fois, en prévoyant et en ayant des plans A, B et C, c’est une mission possible.
Que faire avec seulement 10 iPad pour toute la classe ?
- Je dois mettre les élèves en équipe de 2 pour tous les projets. Cela me permet d’évaluer en même temps la compétence transversale « travailler en équipe ».
- Je recommande un maximum de 2 élèves par iPad. Autrement, la gestion de classe est plus difficile.
Comment avoir une connexion Internet, car je n’ai pas de Wifi dans ma classe ?
- Routeur branché dans le mur avec un fil.
- Clé Rogers.
- Mon cellulaire branché sur mon ordinateur qui devient un routeur.
Comment et où sauvegarder le travail des élèves ?
- En plus de sauvegarder directement le travail des élèves sur le iPad, j’ai créé un compte iCloud et un compte Dropbox directement sur le iPad.
- En faisant ainsi, le travail des élèves était sauvegardé sur le Nuage et dans Dropbox. De plus, les élèves devaient m’envoyer leur travail par courriel.
Mes leçons sur les séquences textuelles.
J’ai décidé de faire de courtes leçons sur les séquences textuelles en lien avec la thématique exploitée dans mon cahier d’exercices. Ce thème est l’amour : un peu, beaucoup, passionnément. Ces sont des idées qui peuvent facilement être adaptables à un autre thème.
Idée générale de la leçon portant sur la séquence descriptive :
L’enseignant présente 2 à 3 photos d’un couple et fait la description de chacune des photos. En équipe, les élèves choisissent des photos de couples parmi la liste fournie par l’enseignant. (Attention aux droits d’auteur.) Ils choisissent des images du couple (2 à 3 photos) et les décrivent en quelques lignes.
- Application utilisée : Pic Collage (gratuit)
- Application suggérée : VoiceThread (gratuit)
Idée générale de la leçon portant sur la séquence explicative :
L’enseignant présente l’expression Avoir un cœur d’artichaut ainsi que sa signification et il donne un exemple de l’utilisation de l’expression dans une phrase. En équipe, les élèves cherchent le sens des expressions remises par l’enseignant (liste d’expressions à fournir). Ils expliquent, dans leurs propres mots, le sens des expressions. Ils écrivent des phrases en utilisant correctement les expressions.
- Application utilisée : Prezi (gratuit)
- Application suggérée : Explain Everything (2.99$)
Idée générale de la leçon de la séquence explicative :
L’enseignant présente l’histoire de Cendrillon. Après la lecture ou l’écoute du texte et avec l’aide d’un schéma narratif vierge, l’enseignant modélise la déconstruction du texte (situation initiale, élément déclencheur, actions, dénouement et situation finale). En équipe, les élèves, à l’aide d’une situation initiale et d’un élément déclencheur de l’histoire de Celle qui ne voulait pas se marier, planifient le schéma narratif. Ils écrivent ensuite l’histoire de 150 mots à partir de leur schéma narratif.
- Application utilisée : QuickVoice (gratuit)
- Application suggérée : Book Creator (4.99 $)
Idée générale de la leçon de la séquence dialogale :
L’enseignant présente la partie dialogale de l’histoire de Anta et Mamadou. Il demande aux élèves d’identifier les personnages, de surligner ce que dit chaque personnage, de souligner les verbes d’incise (dire, répondre, etc.) et d’entourer les signes de ponctuation. Il fait ensuite une correction collective et fait une affiche sur les verbes d’incise et une autre sur les signes de ponctuation (guillemets, tiret, etc.) En équipe, les élèves, en reprenant le synopsis de leur séquence narrative de Celle qui ne voulait pas se marier, doivent inventer le dialogue entre des personnages.
- Application utilisée : Puppet Pal (gratuit)
- Application suggérée : Strip Designer (2.99 $)
Les résultats.
Je présente ici quelques exemples des productions finales des élèves. Elles sont originales et contiennent des erreurs.
La séquence descriptive avec Pic Collage (cliquez sur la photo pour agrandir l’image) :
La séquence explicative avec Prezi (cliquez sur l’image pour voir le Prezi) :
La séquence narrative avec QuickVoice (cliquez sur la photo pour entendre les élèves) :
La séquence dialogale avec Puppet Pal (cliquez sur les images pour voir les vidéos) :
iPad en classe de FLS : mission possible !
Cette expérimentation s’est avérée un succès, et ce, malgré les embuches. Je prévois même réutiliser les iPad pour un projet d’écriture collective en collaboration avec l’enseignant d’arts plastiques. À suivre !
Bref, je peux dire que l’intégration du iPad en classe de FLS est mission accomplie ! Et qui de mieux que les élèves eux-mêmes pour décrire leur expérience !
Les commentaires des élèves :