This post was co-written by Julie Paré & Claude Quevillon Lacasse
Depuis plus de 20 ans, Marc-Albert Paquette, conseiller pédagogique en français langue seconde à la commission scolaire Lester-B.-Pearson (LBPSB), est impliqué dans l’Association québécoise des enseignant.e.s de français langue seconde (AQEFLS). Curieuses d’en apprendre davantage sur cette relation qui perdure depuis plusieurs années, nous l’avons donc interviewé. Nous relatons ici les moments importants de la discussion.
Les débuts
Marc-Albert Paquette : J’étais représentant de classe en première année de baccalauréat (bac) et une collègue de classe avait appris qu’il y avait un congrès d’une association qui s’appelait l’AQEFLS. Je n’en avais jamais entendu parler avant et il y avait un tarif réduit pour les étudiants. Cela dit, quand on est étudiant universitaire, habituellement, on n’a pas d’argent, ce qui était mon cas ! Après avoir talonné le secrétariat de l’Association pour y aller pour moins cher, ils m’ont alors proposé d’être bénévole et ainsi d’aller gratuitement au congrès. Je suis donc devenu bénévole, et mon père est venu me reconduire à l’UQAM à 7 h du matin.
J’étais vraiment fasciné parce qu’il y avait les plus grands chercheurs qui étaient là : ceux que je lisais dans mes livres à l’université et qui parlaient aux gens comme si c’était juste normal d’avoir une conversation. Tout nouveau à l’université, j’étais bien impressionné.
On m’a ensuite demandé d’arriver tôt le lendemain matin parce qu’il y avait l’assemblée générale et qu’ils avaient besoin d’un coup de main. Ce que je ne savais pas, c’est que Robert G. Bourassa, le président de l’Association à l’époque, allait me recruter pour que je me présente au conseil d’administration (CA). Et, comme j’avais 19 ans et que je ne comprenais pas du tout ce qui était pour m’arriver, j’ai dit oui ! Je lui serai éternellement reconnaissant.
Ça a probablement été la plus belle erreur de ma vie parce que ça m’a donné accès à tellement de richesses, tellement de rencontres ! J’avais la chance de croiser les gens qui enseignaient les cours de formation initiale des maîtres à l’université, de rencontrer des profs qui avaient une longue expérience sur le terrain, de rencontrer des conseillers pédagogiques qui me traitaient d’égal à égal comme collègue alors que moi, je n’avais même pas encore fini mon bac. Tout ce monde-là me parlait comme si c’était normal que je sois assis autour de la même table qu’eux, que j’avais ma place, ce qui, moi, me dépassait complètement.
Siéger au CA de l’AQEFLS m’aura aussi permis de connaitre Ghislaine Coutu-Vaillancourt, la fondatrice de l’Association. Ghislaine est devenue ma mère professionnelle. Moi, j’ai deux mères dans la vie : j’ai ma mère biologique, qui m’a appris à être un bon humain, et j’ai Ghislaine Coutu-Vaillancourt, qui m’a appris à être un bon prof et un bon acteur en français langue seconde. Elle m’a vraiment tout appris et je lui serai pour toujours reconnaissant. J’en parle avec émotion, car elle est décédée des suites d’un cancer au milieu des années 2000 et j’aurais aimé qu’elle soit là pour toujours. Ceux qui la connaissent l’aiment et l’estiment et pensent encore à elle régulièrement ; ceux de l’Association et ceux autour de l’Association. C’était une femme qui était extraordinairement rassembleuse, travaillante, posée, bienveillante, qui avait une profonde connaissance de la nature humaine et de l’importance du rôle qu’on avait en français, langue seconde. Elle était pince-sans-rire. C’est vraiment quelqu’un qui m’a inspiré à être une meilleure personne globalement. Aujourd’hui, si je suis encore à l’AQEFLS, c’est parce que Ghislaine a tracé ma route. Et nombre de gens qui ont siégé à l’AQEFLS sont restés même après son décès parce qu’elle nous avait fait comprendre pourquoi c’était important qu’on existe comme association.
Oser sortir de sa zone de confort
Dans une association, surtout une association comme la nôtre, on est presque 100 % bénévole. Donc, ça nous amène à faire des choses qu’on ne ferait pas nécessairement dans une salle de classe : gérer des budgets, faire des demandes de financement, organiser un congrès, recruter des bénévoles, choisir un thème qui va être inspirant pour plein de monde, etc. C’est vraiment une opportunité extraordinaire pour te faire sortir de ta zone de confort !
Quand j’ai commencé à l’AQEFLS, moi, dans ma tête, j’étais pour être responsable du bénévolat, parce que j’étais en formation initiale et que je connaissais des étudiants. Ensuite, on m’a convaincu de présenter un atelier au congrès, puis d’être trésorier, secrétaire, responsable de la logistique, vice-président et enfin président.
Et puis, j’ai fait de mon mieux à chaque fois. Puis bon, j’ai fait des erreurs comme tout le monde, mais je pense que globalement on s’en est tirés pas trop mal. Et puis la belle affaire là-dedans, c’est que ça m’a appris à oser des choses. Ça m’a appris à normaliser le fait de sortir de ma zone de confort et c’est comme ça que je suis devenu directeur adjoint dans une école, que j’ai enseigné dans d’autres pays et que je suis devenu conseiller pédagogique. On m’avait tellement appris que c’était correct de sortir de sa zone de confort qu’ensuite, chaque fois qu’on me proposait quelque chose qui était complètement démesuré, ça se pouvait parce que l’AQEFLS m’avait appris que faire des choses qu’on ne ferait pas normalement, c’était non seulement normal, mais attendu. Donc, si vous voulez sortir de votre zone de confort, participer aux événements ou vous impliquer dans le CA de l’AQEFLS, c’est formidable, parce qu’on apprend plein de choses et qu’on se découvre plein de ressources qu’on ne pensait pas avoir !
L’amour qui perdure
L’AQEFLS est une association qui est rassembleuse. Au lieu de chercher nos différences, elle permet de chercher nos points communs. C’est là où les profs d’intégration linguistique, scolaire et sociale (ILSS) du secteur francophone trouvent leurs points communs avec ceux qui enseignent en milieu anglophone, que ce soit en immersion, en français de base ou en français des affaires, ou encore ceux qui enseignent en francisation Alpha, en francisation à l’éducation des adultes ou auprès des communautés autochtones.
L’AQEFLS est un point de rencontre, un lieu d’échange unique. Qu’on fasse partie du système public ou qu’on soit autonome, comme c’est le cas des écoles du Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN), l’AQEFLS demeure un terrain de rencontre pour nous. C’est ça une des grandes forces de l’Association et moi, je suis quelqu’un qui aime les gens de manière générale et qui est intéressé à aller à la rencontre de celles et ceux qui vivent un contexte différent du mien. Ce n’est pas par hasard que je suis prof de FLS ! Alors, l’AQEFLS est cet endroit privilégié où je peux en apprendre davantage sur des personnes qui ne vivent pas le même quotidien que moi, malgré que, dans l’absolu, on est tous des acteurs en français langue seconde. C’est là une signature qui distingue l’ADN de l’Association. C’est ça qui me ramène toujours à l’Association.
On n’a jamais fait le tour de cette communauté-là.
On n’a jamais fait le tour de la grande famille.
On a trop à apprendre des autres pour s’en priver !
Un événement majeur de l’AQEFLS
L’AQEFLS, c’est une revue scientifique, de nombreuses activités de réseautage et de formation, et un congrès annuel. Cette année, on a bien hâte de retrouver notre famille FLS de façon virtuelle au congrès les 28 et 29 avril. Ça va être la chance qu’on réfléchisse ensemble à notre thème : le français, langue seconde au cœur des cultures.
L’AQEFLS, c’est 400 membres, 40 congrès, 10 colloques sur l’enseignement du FLS en milieu autochtone, plus de 80 numéros de revues, environ 20 formations!
On est vraiment dans une époque où l’on parle d’équité, de diversité, de dignité, d’inclusion, de compétence interculturelle. On parle de renouveler la façon de percevoir l’enseignement, l’apprentissage, de savoir comment on apprend. Et c’est exactement là où l’on veut se trouver quand on choisit un thème de congrès. Pour nous, c’est toujours important d’avoir un thème qui non seulement va être rassembleur, mais qui va représenter les différentes voix du français langue seconde au Québec.
Venez nous rencontrer au congrès 2022 !
Le thème du 40e congrès de l’AQEFLS et 10e colloque sur l’enseignement du FLS en milieu autochtone est « Le FLS au cœur des cultures » et les sous-thèmes proposés sont : Rencontrer l’Autre, Découvrir le Monde et Cultiver le Savoir.
Congrès de l’AQEFLS 2022 : Édition en ligne !
Ateliers et conférences au programme
Formulaire d’inscription
Nouveautés au congrès 2022
Les ateliers et conférences seront enregistrés lors du congrès, puis rendus disponibles sur notre plateforme uniquement pour les personnes inscrites au congrès pour une durée d’un mois.
Dans la foulée de la loi 40, une entente de partenariat avec CADRE21 permettra aux participant.e.s et aux animateur.trice.s de recevoir un badge attestant plusieurs heures de développement professionnel reconnu par le ministère de l’Éducation du Québec.
Pour en connaitre davantage sur l’Association québécoise des enseignant.e.s de français langue seconde (AQEFLS), visitez le site web de l’AQEFLS ou suivez-la sur les réseaux sociaux : la page et le groupe Facebook ou encore sur Twitter.
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